dimanche 29 juillet 2012

Fragments d'été.

    L'été file à une vitesse incroyable. Déjà la fin du mois de juillet, que je n'ai pas vu passer, entre mon boulot d'été, mes lectures estivales et quelques week-end organisés à l'arrache à droite ou à gauche.
J'ai l'impression de mieux profiter de cet été que du précédent; je me souviens que l'année dernière à la même époque, j'angoissais pas mal pour la khâgne, je ne savais pas vraiment quoi faire, quoi lire, malgré les innombrables indications bibliographiques. Je sentais déjà que l'hypokhâgne était loin, passée, voire même, oubliée, et qu'il fallait mettre les bouchées doubles. Bref, je m'infligeais une pression vraiment inutile, et m'imposait un rythme de travail qui s'apparentait plus à de l'auto-flagellation qu'à de la prévoyance. Le pire, c'est que tout ce que j'avais fait pendant ces deux mois ne m'avait pas été de la meilleure utilité. J'avais plutôt mal travaillé, mal fiché, et peut-être par l'effet du stress négligé ce qui se révélait être l'essentiel.
     Cet été, donc, tout a bien changé. Plus (autant) de pression et d'obligations. Je lis ce que je veux, quand je veux, à la vitesse que je veux. Je ne m'impose aucun planning, aucun timing, juste une vague et (très) longue liste d'ouvrages à lire si possible. Résultat, en un mois j'ai déjà avalé une bonne dizaine de romans de tout type (de Victor Hugo à Douglas Kennedy), et quelques bouquins de philo. Cette façon de procéder, sans prise de tête, sans chercher à lire ce qui me sera le plus utile immédiatement, et en variant les genres, est un vrai soulagement! J'ai conscience qu'il me faudra augmenter mon rythme d'ici quelques semaines et attaquer sérieusement certains programmes, mais bon, nous n'en sommes pas là; rien ne sert de courir, etc.

Bref, après ce billet plutôt optimiste, je vous laisse avec quelques images.

Ces plages où l'eau est à 18°.

Petite collection pour étudiants que j'affectionne tout particulièrement.



Histoire de la littérature de Thibaudet.








mardi 17 juillet 2012

ENS 2012 : la figue et le raisin.

Me revoilà après une panne internet de quelques jours, qui m'a empêché de me jeter sur blogger après l'annonce des résultats. En fait, j'ai été très surprise de recevoir le fameux mail le lendemain même de mon dernier message (et non sans appréhension, haha). Bref, je me permets finalement de créer un nouveau post, ce sera plus simple.
Voilà donc mes notes pour cette cuvée 2012 :

Littérature : 9.
Etant donné mon niveau initial, c'est presque un miracle. J'en serais presque fière, si je ne gardais pas à l'idée que 9 ce n'est quand même pas grandiose. Mais avec ce sujet sorti de nul part, mon délire de 10 pages est quand même resté dans les limites du raisonnable. Je suis donc agréablement surprise, mais le pire restait à venir.

Philosophie : 6.
OK D'ACCORD. La claque du concours, la voilà. Certes, je n'avais pas eu une impression terrible en sortant de l'épreuve, mais quand même. Je n'ai jamais eu une telle note durant l'année (je tournais à 12), autant dire que j'ai été choquée de voir ça sur mon bulletin. J'ai affreusement honte, je ne comprends pas ce qu'il s'est passé. Comme quoi, il ne faut jamais être sûr de rien, ni se croire infaillible en quoi se soit.

Histoire : 13.
Petite déception, parce que j'ai toujours eu 15 ou 16 pendant l'année. Et je pensais avoir assuré à peu près de la même façon. J'ai tellement donné dans cette épreuve, écrit tant de choses, avec (il me semble) un minimum de cohérence et de logique, j'ai du mal à comprendre pourquoi je n'ai que 13. J'ai conscience que ce n'est pas une mauvaise note, mais c'est frustrant de ne pas pouvoir profiter de sa matière forte pour se démarquer et sauver la casse. J'attends donc le rapport du jury en septembre...

Langue : 11.
Bonne surprise, si on se rappelle les difficultés que j'ai eu à commenter le texte! Morale de l'histoire : une version bien propre et un commentaire sans une faute de langue, même si dedans vous parlez de votre grande-tante de Tombouctou, ça passe (à peu près). Si j'avais eu un peu plus de pertinence, j'aurais pu briller sur cette épreuve. Anyway, c'était quand même inespéré.

Latin : 7
Qui cela surprend? Bon. Je m'attendais à pire, donc après tout pourquoi pas? Ca me gène d'avoir deux cartons dans le même relevé, mais là je ne peux m'en prendre qu'à moi-même; je n'avais qu'à bosser cette stupide matière au lieu de croire en mes supers pouvoirs dans la compréhension des textes antiques.

Spé : 13. 
Ma moyenne sur l'année, donc je suis satisfaite. J'espérais peut-être un peu plus, étant donné l'inspiration que le sujet m'avais donnée le jour de l'écrit. J'ai donc assuré sans briller.


Voilà. Je suis globalement déçue, parce qu'avec une moyenne d'environ 9,8 je perds considérablement des points par rapport à ma moyenne de l'année. J'ai l'impression que ces notes ne reflètent pas vraiment mon travail sur le long terme...J'ai la sensation de m'être plantée sur le coup, en fait, mais que ce n'est pas vraiment moi tout ça. D'où la déception. Et je suis démoralisée par ce carton de philo; quand c'est la métaphysique qui vous attend derrière, y'a de quoi flipper carrément. Après, je relativise : je n'ai jamais bossé le latin, j'ai flemmardé en langue et en littérature; je peux donc vraiment faire des efforts pour progresser en khûbe. Je peux y aller plus à fond. Pour le reste, rien de catastrophique, des notes honorables qui ne demandent qu'à être augmentées.

Quoi qu'il en soit, j'espère que vous autres khâgneux, êtes satisfait de votre relevé :)

jeudi 12 juillet 2012

Farniente?

Le problème quand on habite dans le Nord de la France, c'est qu'il est absolument impossible de se sentir pleinement en été. Tout n'est que nuages, pluie, vent, un micro rayon de soleil si on est sage, et 18° au compteur grand maximum.
JE VEUX DU SOLEIL. Et mes notes de concours, par la même occasion.
J'éditerai ce post, d'ici deux à trois jours, quand j'aurais reçu le fameux relevé.

En attendant, je profite du climat océanique derrière ma baie vitrée.


jeudi 5 juillet 2012

Pour conclure sur la khâgne.

"La manie de faire des bilans sur soi-même est une façon de tromper l'angoisse de n'être que ce que nous sommes : une caricature de notre idéal, l'ombre portée et déformée de notre sur-moi."
José Corti

Et pourtant, j'en reviens toujours à ce point. Une année passe, douze mois et cinquante-deux semaines s'écoulent pour en revenir à ce même point. Faire un bilan, c'est peut-être une manière illusoire d'achever un parcours, d'accomplir pleinement quelques instants de vie; de se dire que la boucle et bouclée, et de se rassurer comme l'on peut.
Oui, j'ai avancé. Oui, j'ai appris de mes erreurs. Oui, j'ai enfin grandi.

C'est aussi un peu pour ça que j'ai initialement ouvert ce blog. Conserver quelque chose de mon expérience en prépa, et si possible, quelque chose de positif et de constructif. Retracer, des mois plus tard, le fil de ma progression. Comprendre, d'un regard neuf, ce que j'ai été et ce que je suis à présent. Cette habitude de regarder un instant en arrière pour regarder le chemin parcouru n'est sûrement, en effet, qu'une façon de "tromper l'angoisse"; néanmoins je crois cette attitude nécessaire. Cette réflexion sur soi, en soi, me paraît indispensable pour avancer, pour essayer de donner une quelconque forme cohérente à cet agglomérat d'événements qui constitue notre vie.

Je constate tout ce que ces deux années de prépa m'ont apporté sur le plan humain et personnel. Peut-être n'est-ce là que l'effet de ma vingtième année, qui me plonge de plus en plus dans le monde (abyssal et terrifiant!) adulte; mais clairement, j'ai l'impression que la jeune et fraîche Terminale de 17 ans empochant son Bac mention Bien il y a deux ans est très, très loin. A des millénaires. A vrai dire, je ne suis plus la même personne. Comment expliquer ce sentiment? J'ai l'impression d'être devenu moi-même, tout bêtement. Et la prépa à entièrement participé à cette évolution, à cette ouverture, à cette éclosion (n'ayons pas peur des mots). Ce n'est ici pas tant question de culture ou de savoir; plus subtilement, je sens que mon jugement s'est affiné, aiguisé au fil des mois (j'avais peur, en sortant de prépa, de consiédrer le monde d'un peu trop haut, du genre "'MOI j'ai été en prépa, voyez-vous"). Et puis...non. La prépa vous apprend (aussi) la modestie et l'humilité. Même si sur le coup, vous vivez prépa, mangez, dormez, rêvez, parlez, respirez prépa, au bout du compte, vous regardez le monde d'un autre oeil, vous embrassez la multiplicité des choses avec plus de pragmatisme et de tolérance. Parfois, cette prise de conscience nouvelle sur les choses qui nous entourent provoque une sorte d'angoisse, profonde; comme si brusquement l'existence infime et dépourvue de sens qui est la nôtre nous sautait à la figure, nous prenait à la gorge, violemment. L'ouverture à ce qu'on pourrait pompeusement appeler (à juste titre) une forme de contemplation est tout aussi grisante que terrifiante.
Tout ceci pour arriver au fait suivant : désormais, j'ai l'impression de mieux me connaître moi-même (coucou Socrate), et je pense que cette réflexivité est précieuse pour chacun. Rien que pour ça, je ne pourrai jamais regretter un seul instant d'avoir choisi cette voie.

Mais quittons les Hautes Sphères (comme dirait l'autre), et redescendons un peu sur terre. La khâgne, c'est aussi sept mois de douleur, de sueurs et de larmes. Concrètement, c'est raide (et mes archives de l'année passée sont plus ou moins édifiantes à ce sujet). L'hypokhâgne, ce n'est en fait qu'un avant-goût, une préparation, une initiation à ce qui vous attend DERRIERE. D'ailleurs, si on y réfléchit deux secondes, étymologiquement, l'HK ne se destine à rien d'autre que d'être ce qu'il y a "en-dessous" de la khâgne. Bref, ce n'est pas tous les jours facile. Néanmoins, et peut-être que les billets précédemment postés ne le disaient pas clairement, cette année a juste été extraordinaire. Il serait inutile de déployer toute une liste de synonymes et de termes élogieux pour qualifier la khâgne, et plus largement la prépa littéraire; mais je n'en pense pas moins. Finalement, qu'ai-je à faire des moments d'angoisse à la veille du concours blanc de littérature? Du désespoir d'avoir rendu une version de latin si mauvaise, qu'elle m'a effectivement valu la note de 3/20? D'avoir passé 12H d'affilée à réviser l'histoire, jusqu'à ce que je ne me rappelle plus mon propre nom? Et de toutes ces douleurs physiques, cette tension nerveuse couplée à une tension musculaire extrême, qui me faisait parfois verser des larmes de crispation? Qu'en ai-je à faire, de tout cela? Est-ce de tous ces détails que l'on se souvient? Absolument pas.
Je pense plutôt au cours de philo, merveilleux de clarté et de précision. Je pense à la joie d'obtenir un 16 en khôlle d'histoire. A celle de lire Racine, Balzac, Barthes, Sartre, et de découvrir les obscénités d'Apollinaire. Je pense à tous les fous-rire en classe, au partage des joies et des peines, aux débrif commun de tous les DS. Car l'aventure de la prépa se fait en solo, oui, mais aussi avec les autres. Bref, je ne repense qu'aux bons moments, aux apports intellectuels et culturels -immenses, à ce "tout" qui m'a fait avancé à une vitesse fulgurante.
C'est cette image que j'aimerais retenir, celle d'un tout, d'un ensemble globalisant qui m'a fait évolué sur tous les plans; intellectuel, personnel, moral. Beaucoup de bonnes choses, en somme.

Futurs khâgneux, n'ayez pas peur de cette année qui arrive. Ce sera un véritable combat, certes. Mais certainement le plus beau des combats : celui contre vous-même. Et il n'y a qu'à travers ce type d'épreuve que l'on peut se construire pleinement en tant qu'individu, se réaliser et accomplir ce que nous sommes. Je vous souhaite vraiment de découvrir toujours plus de choses, d'apprendre encore et toujours (car on en a jamais fini, de ce côté-ci!), et de profiter à fond ce que qui s'offre à vous, malgré les obstacles.
(Pour les autres, venez tous en prépa, c'est super).

Bref, acharnez-vous, forcez-vous, dépassez vos propres limites. Mais éclatez-vous :)

Bientôt, petit point sur les équivalences, la fac et la khûbe. Enjoy.