samedi 28 avril 2012

Me adsum qui feci.

Quelle heureuse sensation de pouvoir se lever le matin, de réaliser qu'il n'y a plus ni concours ni fiche express à réviser à la dernière minute; de pouvoir se dire tout simplement "Je l'ai fait". Qu'il n'y a plus rien à dire (ou presque).
Je ne me considère pas spécialement en vacances, dans la mesure où j'ai de nombreuses choses à faire pour la rentrée, et qu'ensuite il faudra enchaîner khôlles sur khôlles. Mais évidemment, depuis deux jours, j'ai déjà plus ou moins oublié ce que c'était que de bosser dix heures par jours; Baudelaire, l'hygiène et les lois ne sont désormais plus qu'un lointain souvenir (maintenant, j'essaye de relativiser mes différents échecs, en attendant les résultats).

Depuis deux jours, donc, je retrouve certains plaisirs tout simples comme...regarder un film. J'ai déjà regardé Le Grand sommeil de Hawks, et je suis toujours autant subjuguée par le couple Bogart/Bacall que je trouve diaboliquement sexy. J'aime énormément le film noir, ses intrigues complexes et ses personnages archétypaux mais incroyables. J'aime les courses poursuites dans les méandres des ruelles à la nuit tombée, quand les plans jouent avec le clair-obscur; j'aime la tension grandissante entre les personnages, ce privé solitaire et cette femme fatale. C'est un genre assez typique, et très codé, mais vraiment plaisant.
Dans un tout autre style, Ma nuit chez Maud de Rohmer à été une grande claque pour moi. Ce film clairement philosophique m'a fasciné par les questions qu'il soulève et les débats qui s'ensuivent (la religion, et notamment la chrétienté, les rapports hommes/femmes, la fidelité). Pascal, ses Pensées et l'idée de grâce sont omniprésents dans ce film que j'ai trouvé très beau, très poétique. C'est une bonne surprise, et je pense que cet été j'approfondirai ce cinéma qui est encore assez méconnu pour moi.
Parallèlement à mes délires filmiques, je suis retournée au cinéma pour la première fois depuis...des mois, je crois. Par erreur (je me suis trompée dans les horaires -boulet inside), j'ai vu Sur la piste du Marsupilami, et grosse surprise encore une fois : j'ai littéralement adoré. C'est con, mais qu'est-ce que c'est drôle! Et bien fait. J'avais quelques a priori (je dois l'admettre) sur la qualité du scénario et de la réalisation, mais je suis bien contente d'avoir pu balayer ces préjugés : j'ai trouvé au contraire le film plutôt bien construit, cohérent, tout en étant incroyablement loufoque et décalé. Bref, ce film m'a fait l'effet d'un rafraîchissement, ou d'un bonbon acidulé qu'on savoure avec plaisir. Si vous voulez passez un bon moment de cinéma, n'hésitez pas!
Enfin, côté lectures, après avoir mis à jour ma liste tombée à l'abandon, je vais reprendre la fin du premier tome des Misérables, afin d'attaquer la suite; et je suis bien tentée par le dernier opus de Musso, 7 ans après. Ca doit bien faire deux ans que je n'ai pas lu ce genre de roman...

C'est fou le bien que ça fait de parler des choses que l'on aime, de retrouver des sensations perdues, ou du moins étouffées par la pression du concours. J'aime écrire ce post en écoutant un 33t des Doors, en faisant quelques projets rêveurs pour l'après-midi, en regardant tous mes livres de prépa (une petite cinquantaine) rangés sagement sur mon étagère, et tout ceux que j'avais envie de lire m'attendant patiemment. Je me laisse encore tout le week-end pour flâner avec cette délicieuse nonchalance, ensuite j'attaquerai mon commentaire d'histoire.

En tout cas, maintenant que j'ai beaucoup moins à faire pour les cours, je crois que je vais peu à peu orienter mon blog vers des réflexions plus larges, parler de mes lectures ou de mes films, de mes découvertes musicales ou même du temps qu'il fait. Sans oublier la prépa, bien évidemment. Tout ça est loin d'être fini :)

lundi 16 avril 2012

Concours de l'ENS, journées 1 à 6. Ou comment découvrir ses sujets avec horreur.

Premier compte-rendu de cette semaine demain soir, puisque je suis...comment dire? Grave à la bourre dans mes révisions de philo. Je prie juste pour ne pas avoir une aussi "bonne" surprise que ce matin face à la citation de Baudelaire.

Littérature :
"La poésie est essentiellement philosophique, mais [...] elle doit être involontairement philosophique".
Charles Baudelaire.
Découverte du sujet. Blague. Mais tellement, que je commence à sourire bêtement devant mon sujet. Du genre, "Noooon, ils ne nous ont pas mis ça comme sujet?" Et bah si.
J'ai donc réalisé que j'allais bel et bien devoir plancher sur ce truc pendant 6h. Moi qui m'attendais à une citation longue comme un bras, on se retrouve avec une citations de 11 mots, (dont deux sont identiques en plus). Pour analyser le tout, bonjour. Et comme je n'avais fait aucune lecture spécifique traitant du rapport poésie/philosophie, et que rien de ce que j'avais préalablement lu ne me revenait, j'ai fait de la merde. Mais vraiment, quoi. Au delà de quelques considérations littéraires un peu moisies (et surtout, complètement hors-sujet, à mon humble avis), ma réflexion s'est plus ou mois limitée à "Comment je place Villon moi là-dedans? Où que je le mets? Hein? Où? OU?????????".
Pour couronner le tout, j'ai mal utilisé mes oeuvres...Franchement, si mon correcteur ne rigole pas en lisant ma copie, je ne sais pas ce qu'il lui faut. Exemple : "Oui alors bon, Phèdre de Racine soulève quand même un petit problème de moralité, là" (non, sans blague?). Je ne suis pas surprise de cette épreuve, au final (finalement), parce que je ne m'attendais pas à réussir totalement. Je devrais être habituée à faire n'importe quoi, mais bon là, quand tu passes le concours de l'ENS...WTF quoi.

Philosophie :
"Qu'est-ce qui est hors la loi?". La surprise du jour, c'est d'être sortie de cette épreuve en ayant l'impression d'avoir mieux réussi la littérature. Oui. LA LITTERATURE. C'est dire dans quel état ce sujet m'a mise. Non mais franchement, ils se croient où à l'ENS, là? C'est quoi ces sujets? C'est quoi cette formulation louche? Pourquoi tant de haine?
Je n'ai jamais, jamais, jamais autant eu honte de ma vie en rédigeant une copie de philo (pourtant, les idées bizarres qui partent en vrille, les contradictions et les gaffes du style apologie d'un auteur antisémite, ça me connaît).
Bref, 6h de désespoir. Là, je ne rigolais plus du tout. Au contraire, j'étais vraiment...mal. Je n'arrivais à rien; mes heures de révisions n'avaient aucune utilité pour le sujet (ce qui fout bien la rage, au passage). Et je n'ai jamais aussi peu écrit. Mais vu le contenu, ça ne servait à rien de s'étaler sur 20 pages. J'ai fait genre que j'avais lu Hegel, mais j'ai rien creusé, parce que je suis un cas désespéré, voilà.
Paradoxalement, en sortant de ces heures de torture, je pensais être effondrée psychologiquement (la philo est quand même une matière forte d'habitude), mais finalement non. Je me sens libérée, je m'en fous (presque) et je passe à autre chose. En même temps, demain c'est histoire...

Histoire
:
"Populations, pouvoirs publics et hygiène en Europe de la fin du XVIIIe siècle aux lendemains de la Première Guerre mondiale".
Découverte du sujet (en avant première live par transparence...Oui, j'ai un côté foufou comme ça). Ouf. C'est large, mais au moins il y a quelque chose à dire. A 9h00 tapantes, c'est parti mon kiki on y go les agneaux; mon cerveau se branche sur les politiques de santé européennes pour 6h. Joies en perspective.
Le truc dingue en histoire, c'est qu'on a pas le temps de faire autre chose. Autant en litté ou en philo, je prends facilement 15 minutes par-ci 15 minutes par là pour glander/dormir/manger des Mars/regarder les autres se décomposer/observer la tenue de la surveillante (les surveillant(e)s de concours sont décidément une espèce à part), autant en histoire je suis rivée sur ma copie, roulée en boule sur ma table (et les jambes à moitié croisées retournées sur la chaise, en mode équilibriste). Le monde autour de moi se désintègre. Sauf à 11h, où je m'accorde une pause survie de 1 minute 30 environ. Je me suis demandé pourquoi les feuilles de brouillons n'étaient pas toutes de la même couleur, et si j'aurais eu des idées plus pertinentes en écrivant sur du papier vert. Mais mes brouillons sont bleus (comme mes titres de chapitre dans mon cours d'histoire. Si c'est pas un signe ça). Quand je commence à rédiger (à la bourre, comme d'hab), je me lance en mode machine de guerre, course contre la montre pour dérouler mes trois parties, les nerfs tendus comme des lance-pierres. C'est marrant, mais quand arrive la dernière heure (et surtout, le dernier quart d'heure), j'ai l'impression d'être dans Koh-Lanta ou dans Fort Boyard et de jouer ma vie contre le temps (ALLEZ SORS, SORS T'AS PLUS DE TEMPS!!!). Et quand je lâche mon stylo (ou plutôt, quand le stylo tombe de mes mains), je regarde l'énorme bosse que j'ai sur le doigt, rouge et violet (pourquoi violet? J'ai écrit en noir), et j'ai envie de danser la polka sur ma table. A la place je signe la feuille et je pars. Et là, je réalise tout juste qu'on a passé le plus gros, la moitié du concours, et que pour une fois j'ai pas trop fait de la merde. Youpi (?)!
Demain, espagnol, la bonne blague! Je peux enfin dormir tranquille.


Espagnol
:
La Reine de las nieves, Carmen Martin Gaite.
Première lecture : OK. Je vois l'ambiance.
Deuxième lecture : Ouais...Et alors?
Troisième lecture : C'est vraiment ce texte-là qu'il faut commenter? Mais...mais, il n'y a rien à commenter, justement. D'accord, les parents du type sont morts, et apparemment c'était pas la grosse ambiance à la maison (il a donc bien fait de se barrer). Mais quand même bon, il aimait bien parler littérature avec son padre (pfiouu, original), donc c'est un peu triste quand même. Il se regarde dans un miroir (pendant tout un paragraphe, il a vraiment que ça à faire), et il ne passe plus rien.
BON. J'ai repris les bonnes vieilles habitudes de tout khâgneux en proie au désespoir face à un texte de langue étrangère (roulements de tambour)...LA PARAPHRASE. Et vas-y que je te raconte l'histoire (vas-y regarde comment j'ai bien lu le texte et tout et tout, je peux même te raconter ce qu'il se passe). Honnêtement, je suis pas hyper fière de mon commentaire archi bateau-linéaire-paraphrasé-sans-profondeur-d'analyse. J'ai essayé de soigner ma version, histoire de montrer que je suis pas non plus une (trop) grosse brelle en espagnol, et j'ai bien corrigé toutes mes fautes. A part quelques faux-sens, ça devrait passer à peu près. Mais globalement, c'est pas une copie de ouf. Je comptais un peu sur cette matière pour tenter de rattraper le crash du début, mais je ne rêve pas trop là. Je suis super contente d'en avoir fini avec les grosses matières, et d'avoir quatre jours pépère pour réviser; surtout que le must du must de ce concours arrive bientôt...Le latin. What else?

Latin :
Cicéron, Traité des Lois, II.
Plus classique, tu meurs. Mais en voyant que le jury nous a aimablement refourgué un texte de Cicéron, je ne suis qu'à moitié rassurée. Point positif : c'est un des seuls auteurs qui a eu la présence d'esprit de ponctuer abondamment ces textes de connecteurs logiques, histoire que nous, pauvres petits traducteurs de l'an 2012, puissions suivre un minimum. Point négatif : Mais en même temps, tout avocat qu'il est, il a aussi l'art de pondre des trucs ultra chiants et bizarrement construits (non mais c'était quoi tous ces infinitifs là? La conjugaison, tu connais?). Bref, plus les heures passaient, et plus j'avais envie de chialer sur ma copie, genre "Mais putain, pourquoi j'arrive pas à traduire un truc comme "eandemque rationem luci in agris"? Et pourquoi je vois pas le rapport?". J'ai lutté quatre heures durant avec mon fidèle Gaffiot, mais qui aujourd'hui n'était pas très généreux en petites expressions déjà toutes traduites. Tant pis, il faut que je recopie tout. 12H50 : Dernière phrase traduite à l'instinct en mode pompelope-il-ne-reste-que-5-minutes-pour-rendre-une-copie-qui-est-déjà-bourrée-de-fautes. Je ne suis pas à un faux sens près.
Et comme je suis un peu sadomasochiste dans l'âme, en rentrant je suis allée voire dare-dare la traduction dudit texte. Horreur, enfer et damnation : si j'ai bien compris le fond du truc, et trouvé les bonnes traductions, j'ai fait un sacré paquet de contre-sens sur la construction grammaticale des phrases (et vas-y que je t'inverse les sujets, COD et compléments du nom. Ce qui fait des phrases fausses, évidemment. Est-ce qu'un jour, bordel, mon cerveau fera les bons liens?).
Quoi qu'il en soit, si j'avais pas déjà grillé ma sousa avec la litté et la philo, le latin s'en est parfaitement chargé tout seul comme un grand.

Même si je n'ai pas franchement l'impression d'être en vacances (je dois faire un commentaire en histoire et un exposé de ciné), je vais pouvoir souffler quelques jours. Mais surtout, quel plaisir de ce dire "Putain, j'ai passé l'ENS!!"

dimanche 15 avril 2012

Your faith goes to be greater than your fear.

Enfin. Enfin je vais pouvoir m'attaquer au concours de l'Ecole Normale Supérieure, Graal de la classe préparatoire littéraire. Deux ans pour ça, pour un seul concours, et qui pourtant ne changera absolument pas notre vie de khâgneux (loin s'en faut). Finalement, c'est bien the concours, le vrai de vrai; et pourtant je l'appréhende plus comme une enième série d'épreuves, avec ses difficultés, ses joies et ses moments de panique complète.
"Comme d'habitude". Ou presque.
Bien sûr, je m'inquiète un peu quant aux sujets qui vont tomber (notamment en histoire); mais étrangement je ne suis pas écrasée sous le poids du stress. C'est même le contraire. J'ai révisé. J'aurais certainement pu faire mieux, mais j'ai révisé quand même. Je vais faire ce que je veux, y compris en littérature. Tant pis.
Comme le dit Sarah, rater ou réussir, ça n'a désormais plus d'importance. On veut juste se frotter à ce pour quoi on a trimé jusqu'à présent, passer chaque épreuve et se réveiller dix jours plus tard.
Libres.


Et puis, sélection spéciale pré-concours pour décompresser un peu : ici, ici et .
Et maintenant, quelques relectures succinctes sur Phèdre.

mercredi 11 avril 2012

Implosion cérébrale.

J'ai plus ou moins cessé de travailler. Franchement, j'en ai marre. Ceci dit, je peux me le permettre; d'une part, parce que j'ai été très très active la semaine dernière, d'autre part, parce que plus rien de veut rentrer, ou presque. Je bloque. Hier après-midi, j'ai fixé plusieurs heures un livre de littérature sans pouvoir me concentrer sur la moindre ligne. Je ne comprenais rien, ne voyais rien (mais seulement des tracés noirs sur le papier, dirait Sartre).
J'étais sans cesse déconcentrée par un flot continu de pensées. Peut-être que cela vous arrive parfois, aussi : vous pensez tellement, à tant de choses à la fois, que vous avez la sensation que votre cerveau va imploser; vous n'arrivez plus à faire quoi que ce soit (ni à dormir, si vous cherchez alors désespérément le sommeil), jusqu'à une limite proche de l'insupportable. En fait, je pense à tout et rien à la fois, à des choses tout aussi profondes que futiles. Je songe à l'année prochaine, à la khûbe de plus en plus tentante, mais je pense aussi à l'avenir, à plus long terme; je pense aux différentes lectures que je meure d'envie de faire, aux films que je veux voir absolument après le concours, et à cette paire de chaussure qui me fait de l'oeil sur internet (car dans mes moments de perdition, je passe en revue toutes les boutiques en ligne possibles et imaginables). Je me demande si je dois continuer de chercher un job d'été, parce que d'un côté j'ai vraiment envie de paresser pendant deux mois, mais de l'autre, je dois impérativement financer un futur PC portable. J'ai aussi envie de m'offrir une liseuse Kindle, mais j'hésite encore beaucoup. Je ne sais pas trop si cet investissement vaut le coup ou pas. Et par ailleurs, je ne sais pas tout à fait pour qui voter. Mes convictions politiques, bien moroses en cette période électorale, errent dans le méandre des débats télévisés.
Flux de pensées entremêlées.
Du coup, je n'arrive plus à travailler des heures durant, et je dors assez mal. Je préfère donc ralentir le rythme de mes révisions, essayer de me vider la tête par tous les moyens, et me reposer pour éviter le burn-out au pire moment.

Voilà. J'ai aussi de plus en plus envie de partager mes lectures, mes réflexions, mes avis et mes coups de coeurs. Parce que dès que je serai en vacances je lirai ça et puis ça aussi, qui a l'air tellement  bien. Mais nous n'en sommes pas là.
Peut-être que j'accumule trop de pensées.


lundi 9 avril 2012

Gavage pré-concours.

Une semaine que je me nourris exclusivement de théorie littéraire et de bouquins de philo. Gavée de prose poétique et de poésie en prose (dont les différences sont bien plus subtiles qu'il n'y parait), de stylistique sémantique et de positivisme juridique VS les droits de l'homme. Bon.
J'ai vraiment, vraiment, VRAIMENT hâte d'être la semaine prochaine, j'ai hâte de composer, de mettre un point final à ces révisions express, qui me donnent l'impression d'être gavée comme une oie avant Noël.

Je n'ai pas grand-chose à dire de plus pour l'instant. Si ce n'est que le chocolat de Pâques, c'est franchement bon pour le moral, en fait.