Si quelques futurs hypokhâgneux traînent par ici, je me suis dit que quelques petits conseils en la matière ne seraient pas de trop (oui, je me sens un peu comme investie d'une mission sacrée, genre guide post-bac d'hypokhâgneux en devenir, qui montrerait à tous la voie glorieuse et éclairée de la prépa littéraire. Je plaisante, bien sûr). Bref, je vais parler un peu dans ce post ce que je pense de cette histoire de lectures conseillées; si ça en intéresse quelques uns, tant mieux, et si vous vous en tapez le carreau, et bah tant pis, on s'en remettra tous.
La première chose à faire, face à cette fameuse liste de livres, est de ne pas paniquer. Oui, je sais, ça paraît un peu idiot de dire ça de prime abord. Mais garder son calme permet d'éviter les Oh mon dieu mais je ne vais pas pouvoir tout lire pendant les vacances qu'est-ce que je vais faire je vais être en retard par rapport aux autres??, d'éviter les coups de stress et surtout de vider son compte en banque en trois jours. NON, il ne faut pas tout acheter, et NON, il ne faut pas tout lire. Cette liste n'est que conseillée, malgré parfois une petite mention "obligatoire" qui vient se glisser devant quelques titres de romans. Sur ma propre liste, j'avais quoi? Dix romans obligatoires à lire, cinq recueils de poèmes, dix pièces de théâtre etc. Plus une cinquantaine d'oeuvres "facultatives". Et ce, rien qu'en littérature. Résultat des courses, nous avons étudié en profondeur seulement trois romans, les autres faisant l'objet d'une étude plus périphérique, ou pour compléter et nourrir la réflexion. Mon conseil, donc, c'est de choisir un ou deux romans qui vous attirent tout particulièrement et de les lire tranquillement. Renseignez-vous simplement sur les autres, pour être un peu au courant ce qu'ils racontent, leurs contexte d'écriture etc (pour ça, lire la préface de certains romans s'avèrent très intéressant). Ensuite, lisez un peu de poésie, puis un peu de théâtre. Lire un petit morceau de chaque genre, pour se faire plaisir, puis pour avoir les idées claires. Et si possible, varier les plaisirs. Pourquoi pas un roman du XVIIe, avec Mme de Lafayette? Puis un roman du XIXe, un Flaubert ou un Balzac, et un auteur du XXe. Céline par exemple. Idem pour la poésie : ayez pour livres de chevet les Fleurs du mal de Baudelaire, les Fêtes galantes de Verlaine, Alcools d'Apollinaire.
En hypokhâgne vous aurez tout le temps (enfin, c'est relatif) de lire ce que le prof a vraiment prévu d'étudier. Autant profiter du fait qu'il n'y ait pas de programme spécifique à l'année d'hypokhâgne, et que chaque prof mitonne son propre programme.
Pour les autres matières, c'est un peu plus délicat. Etant donné qu'il n'y a pas de programme, vous ne pouvez pas vraiment savoir à l'avance quels thèmes votre prof d'histoire ou de philo choisira d'étudier. Sauf si cela vous est clairement précisé, mais ce n'était pas mon cas (car il y avait deux profs de philo et d'histoire différents pour les deux classes d'HK). Mais plus concrètement, je crois qu'il y a des ouvrages "de base", qui ne sont pas nécessairement présents sur la liste conseillée, mais qu'il faut lire absolument, quelle que soit l'hypokhâgne où l'on se trouve, les thèmes et livres étudiés etc, et qui sont plus qu'utiles dans bien des matières.
A titre d'exemple :
- Jacques le Fataliste et son maître, de Diderot, in-con-tour-nable pour l'étude du roman. Vraiment, j'insiste. Je ne l'ai entamé que tout récemment, mais je n'ai eu de cesse d'en entendre parler pendant cette année, et je commence juste à comprendre pourquoi. Pour une dissertation sur le roman, c'est une mine, un indispensable, qui éclaire sur de nombreuses choses, notamment sur l'évolution du roman vers le roman moderne, amorcé au XVIIIe siècle. Dans ce livre, Diderot casse tous les codes du romanesque, et mélange les différents genres : roman, nouvelle, conte, essai moraliste, argumentation, etc. L'illusion romanesque, au lieu d'être entretenue par le narrateur, est sans cesse révélée au lecteur.
L'étude de Jacques le Fataliste est très riche, complexe, et passionnante (ne serait-ce que l'étude de la structure du roman et ses différentes composantes), et éclaire sur l'histoire du genre. Bref, si vous ne l'avez pas déjà lu, foncez!
- Discours de Suède, Camus. Une réflexion sur le métier d'écrivain, et sur les devoirs qui lui incombent. Je place cet ouvrage dans ma liste des livres de base pour l'hypokhâgne, car Camus propose de réfléchir sur le rôle des artistes d'une manière générale, de leur place dans la société. Cette lecture est très utile autant en littérature, qu'en philosophie (ne serait-ce que si vous avez à étudier l'art, par exemple). Un autre incontournable, donc (qui est un vrai plaisir à lire qui plus est).
- Le mythe de Sisyphe, Camus. Une autre grande oeuvre de Camus à avoir lu absolument : pour son premier essai philosophique, Camus cherche à établir pourquoi la vie vaut la peine d'être vécue, comment l'homme peut parvenir à dépasser l'absurdité de sa condition et de son destin. J'ai vraiment était bouleversée par cette lecture, qui permet de voir le monde autrement et qui tente de répondre aux questions existentielles qui touche l'humanité. Une perle pour les cours de philo.
« Sentir sa vie, sa révolte, sa liberté, et le plus possible, c’est vivre et le plus possible ».
Je rajouterai peut-être d'autres oeuvres du même style. Mais c'est déjà un bon début. L'important, je le rappelle, est de lire ce que vous voulez, ce qui vous fait le plus plaisir. Parce que l'essentiel c'est bien de lire, et pas autre chose. Soyez attentifs à vos lectures, gardez toujours un crayon près de vous pour souligner une phrase, noter une page intéressante etc. Lire, c'est bien, tirez quelque chose de ce qu'on lit c'est encore mieux =) Morale de l'histoire : lire peu mais lire bien.
Enfin, pour les cours de philo, plutôt que d'acheter par anticipation des pavés écrits en minuscules que vous ne lirez de toute façon pas (soyons honnêtes : lire Kant à l'état brut, c'est chiant à mourir et déprimant). Attendez qu'on vous donne des indications plus précises; mais vous pouvez investir dans un dictionnaire de philo, ou LE truc qui vous servira constamment pour définir les concepts. Vraiment, c'est hyper important, surtout si vous n'avez pas (comme moi) la science infuse en philo. Mais même pour les autres, c'est vraiment vraiment très utile. Moi, j'ai celui-ci (acheté en fin de terminale) et je le trouve parfait pour l'hypokhâgne. Simple et efficace. J'en achèterai sûrement un autre pour compléter pour la khâgne, ceci étant. Et enfin, un petit bouquin très bien fait : L'étonnement philosophique de Jeanne Hersch. C'est une référence en la matière, qui permet de se remettre en mémoire l'évolution de la philosophie et les thèses des principaux philosophes occidentaux. Et en plus, c'est facile à lire. Que demande le peuple?
Voilà pour ce long post barbant sur les lectures de l'été. Si vous avez des questions là-dessus, n'hésitez surtout pas.
Enfin, pour les cours de philo, plutôt que d'acheter par anticipation des pavés écrits en minuscules que vous ne lirez de toute façon pas (soyons honnêtes : lire Kant à l'état brut, c'est chiant à mourir et déprimant). Attendez qu'on vous donne des indications plus précises; mais vous pouvez investir dans un dictionnaire de philo, ou LE truc qui vous servira constamment pour définir les concepts. Vraiment, c'est hyper important, surtout si vous n'avez pas (comme moi) la science infuse en philo. Mais même pour les autres, c'est vraiment vraiment très utile. Moi, j'ai celui-ci (acheté en fin de terminale) et je le trouve parfait pour l'hypokhâgne. Simple et efficace. J'en achèterai sûrement un autre pour compléter pour la khâgne, ceci étant. Et enfin, un petit bouquin très bien fait : L'étonnement philosophique de Jeanne Hersch. C'est une référence en la matière, qui permet de se remettre en mémoire l'évolution de la philosophie et les thèses des principaux philosophes occidentaux. Et en plus, c'est facile à lire. Que demande le peuple?
Voilà pour ce long post barbant sur les lectures de l'été. Si vous avez des questions là-dessus, n'hésitez surtout pas.